Je vous propose aujourd’hui de découvrir avec moi le tableau littéraire que peint cet extrait de l’Alchimiste de Paulo Coelho.
En relisant un des livres condamnés à l’étagère depuis trop longtemps, il me semble avoir identifié le meilleur moment du récit, enfin, selon moi et le propos que je souhaite servir.
Dans cet extrait de L’alchimiste de Paulo Coelho, je trouve en l’espace de deux pages, les sels de l’intention derrière l’histoire.
Alors que le jeune homme est en transit dans une oasis en plein désert, ce qui suspend son voyage vers sa légende personnelle. La légende personnelle, ou le destin individuel tel que Paulo Coelho le nomme dans l’histoire.
Ce jeune héro de l’histoire, est suspendu à son présent ou à l’attente de son futur. Et il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre la fin de la guerre pour repartir.
Il y a bien une chose à faire cependant : être présent ici et maintenant. Et quand celui-ci s’y trouve, par l’attention subtile et impartiale, il rend possible la communication avec l’Âme du monde comme il en parle. L’intuition qui naît dans son moment de méditation est un phénomène qu’il m’est arrivé de ressentir. Et j’en suis convaincu, chacun·e en s’inscrivant dans son présent, par la musique, l’absorption de son corps dans son art plastique ou dans la concentration sur le mouvement, à déjà ressenti une si vive impression. Encore aurait-il fallu lui accorder l’importance pragmatique d’un instinct. Libre de jugement, mais suffisamment critique pour douter et ouvrir bien grand ses sens à la recherche de toute autre information subtile.
Alors quand le jeune homme assis sur une dune observe le vol des éperviers et qu’il est frappé par la forme inhabituelle de leur ballet aérien, l’Âme du monde lui communique quelque chose. J’y vois l’essence du Zen, tout est là dans l’instant pour qui observe comme un nouveau-né. En effet, il dira plus tard que ses yeux ne sont pas encore habitués au désert, voilà pourquoi il peut voir des choses que les yeux trop habitués n’arrivent plus à voir…
C’est le Samadhi, ou la concentration et l’établissement dans l’éveil. Et un instant plus tard cela devient un langage du monde par lequel son âme l’informe.
« Mais le jeune homme lui parla [au chamelier] des éperviers : il observait leur vol et, tout d’un coup, avait plongé dans l’Âme du monde. »
Pour qui sait se rendre disponible à cet Âme du monde et à celui de ses langages qu’il·elle comprend/ressent le mieux. Et qui a déjà fait de multiples expériences, cela est possible de voir l’interdépendance de toutes choses et l’articulation de ces choses entre-elles, y comprit le rôle que l’on pourrait avoir à jouer.
Le chamelier ne répondit rien ; il comprenait ce que lui disait son interlocuteur. Il savait que n’importe quelle chose, à la surface de la Terre, peut conter l’histoire de toutes les choses. En ouvrant un livre à une page quelconque, en examinant les mains d’une personne, ou le vol des oiseaux, ou encore des cartes à jouer, ou quoi que ce soir d’autre, chacun de nous peut découvrir un lien avec ce qu’il est en train de vivre.
Il est nécessaire pour s’unir à l’Âme du monde de trouver son meilleur moyen, sa sadhana. Ce par quoi les pensées se suspendent pour ne laisser place qu’a la contemplation du présent sensible.
« A la vérité, les choses ne révèlent rien par elles-mêmes ; c’était les gens qui, en observant les choses, découvraient la façon de pénétrer l’Âme du monde. »
Dans ce présent sensible, loin de nous rendre vulnérable ou impuissant, l’Âme du monde nous donne l’opportunité du geste juste. Et comme le Koan Zen le dit : Qui excelle au tir ne touche pas le centre de la cible. Il n’y a rien a faire pour se soustraire à sa légende personnelle, et la mort ne saurait que nous unir à l’Âme du monde. Alors seul compte le présent, dans lequel nous pouvons agir pour nous sauver ou sauver l’Autre.
« Alors les guerriers vivaient simplement le présent, car le présent était rempli de surprise, et ils devaient être attentifs à quantité de chose : où était l’épée de l’ennemi, où était son cheval, quel était le coup qu’il allait devoir porter pour échapper à la mort. «
Cher·e·s ami·e·s je suis heureux de laisser ces mots à votre propre méditation. Puissions-nous être davantage à l’écoute de nos véritables sensations afin de laisser l’Âme du monde communiquer avec nous. Et d’être présent à nous comme à l’Autre et peut-être pourrons nous sauver notre oasis, celui que nous partageons tou·t·es, et qui abrite celles et ceux que l’on aime.
Sans nuire aux légendes personnelles, la légende humaine doit prendre conscience de la vérité de son présent et des signes. Pour qui sait les voir, et est prêt à prendre ses responsabilités, il y a bien une récompense : faire de sa légende personnelle une part mesurée et consciente de la légende universelle. Puisque c’est ensemble que nous pouvons partager nos bonheurs.